Animation solidaire à Abidjan
 
 
 

Voici le troisème compte-rendu hebdomadaire. Pour un résumé de chaque jour, retrouvez les journées du mardi 28/07 au lundi 03/08 dans notre rubrique Actualités.

Animation au CAC

                La fin de la troisième semaine du séjour est donc arrivée, ce qui signifie que le projet d’animation touche à sa fin. En effet, vendredi prochain étant férié (c‘est la fête nationale), il ne reste que deux jours ordinaires d’animation, ainsi que la sortie de fin de projet avec les enfants, plus précisément au zoo d’Abidjan.

Le projet arrivant bientôt à son terme, nous pouvons d’ores et déjà dire que nous sommes satisfaits de la progression qui a sous-tendu ces trois semaines d’activités. En effet, nous avions estimé après les premières journées au CAC que nous pourrions nous considérer satisfaits si nous réussissions à faire en sorte que les activités plaisent aux enfants, soient variées, et puissent se dérouler normalement, bref, si nous réussissions à surmonter les difficultés nouvelles qui s’étaient présentées à nous, évoquées dans le premier compte-rendu hebdomadaire. Il ne fait aucun doute que nous avons largement dépassé ces attentes.

En effet, nous avions déjà dit dans le compte-rendu de la deuxième semaine avoir pallié aux difficultés rencontrées au début, et que nous avions pu définir des objectifs éducatifs et observer une progression des enfants dans ce sens.

  • Par rapport à nos trois priorités éducatives, à savoir canaliser l’agressivité des enfants, améliorer le respect des règles, et amener les enfants au respect des adultes, nous avons constaté cette semaine encore des progrès de la part des enfants. Nous avons de moins en moins besoin de sévir au cours des activités à cause de cas de brutalité ou de tricherie, et nous nous sentons de plus en plus respectés.

Concernant d’ailleurs notre relation avec les enfants, il est indéniable que nous nous rapprochons de plus en plus d’eux. Etant donné leur nombre, mais cela fonctionne cependant presque à sens unique : ils nous sautent dans les bras à notre arrivée, nous entendons de plus en plus nos prénoms en remplacement des habituels « le Blanc ! », mais nous, de notre côté, ne connaissons chacun qu’une trentaine de têtes.

  • Comme évoqué la semaine dernière, nous mettons également en place des animations éducatives le matin répondant à des objectifs pédagogiques plus spécifiques. Nous avons cette semaine travaillé sur la vie en communauté et la résolution des conflits, et avons ouvert les enfants à l’interculturalité : nous leur avons fait illustrer leur vie (maison, quartier, famille, école, etc.) à l’attention de « toubabs » français, et avons fait une activité autour des salutations du monde et de la valise voyageuse que nous avons emmenée. Dedans se trouvaient des objets déposés par nos louveteaux, censés témoigner de leur vie. Nous avons ainsi pu leur montrer comment vivent les enfants français de leur âge. Nous leur avons également demandé d’amener eux aussi des objets représentant leur vie, afin de pouvoir faire la même chose auprès de nos louveteaux à notre retour.

Les activités de cette semaine sont donc autrement plus complexes que par le passé, et cela est un aspect très positif de notre point de vue, car nous n’aurions jamais pu les animer au début du projet. Cela est donc le signe d’une nette progression.

                Enfin, cette semaine fut vraiment celle consacrée au court-métrage. En effet, nous avons chaque jour tourné en entier une scène du film, composé finalement de cinq courtes vidéos, et durant un peu plus de dix minutes.

Nous avions peur de manquer de temps, et sommes donc très satisfaits d’avoir pu tourner une scène par matinée, soit chaque fois en une heure et demie de temps. Cela témoigne là encore d’une progression, le tournage de la première scène, réalisé la semaine précédente, ayant duré trois bonnes heures pour une vidéo plus courte. La progression se situe à la fois du côté des enfants, chaque jour plus efficaces lors du tournage, et de notre côté, qui maîtrisons de mieux en mieux la direction du tournage et l’écriture des scènes. Les objectifs de l’atelier court-métrage peuvent donc être considérés comme  atteints, même si nos exigences vis-à-vis des enfants ont été revisitées : nous avons pris en charge le travail d’écriture et le montage, leur laissant faire le tournage. Les attentes initiales étaient sans aucun doute trop élevées, et nous avons su les adapter dès notre première séance. Le court-métrage est maintenant presque finalisé, et nous sommes déjà satisfaits du résultat, surtout si l’on considère les craintes que nous nourrissions à l’issue des premières séances de l’atelier.

Sortie à Dabou

                Ce week-end, c’est dans la commune de Dabou, dans le village de Kpass, que nous nous sommes rendus. Nous y précédons d’ailleurs de peu le président Ouattara, qui y est venu le lendemain.

Ce fut donc une nouvelle sortie reposante, parce que hors de Yopougon et de son tapage habituel ; nous avons pu marcher plusieurs heures à travers la végétation dense et sur les pistes de terre rouge.

                Au programme était inscrite une messe le dimanche matin. Nous y avons été accueillis par la communauté. Etaient également présents des jeunes choristes en rassemblement à Kpass, qui ont donné de la voix pendant les deux heures de célébration, ce qui fut très impressionnant. Nous n’avions en effet jamais vu une assemblée si nombreuse chanter à ce point en harmonie. Le plus renversant fut sans aucun doute l’Alléluia d’Haendel, chanté inopinément à plusieurs voix.

Nous avons également pu manger nos premières fèves de cacao, fraîchement cueillis dans les plantations du village. Mais n’étant pas séchées, celles-là n’avaient pas du tout, mais alors pas du tout le goût de chocolat (mais plutôt de melon blanc, à vrai dire).

Relation avec les partenaires

                Nous vivons donc depuis trois semaines au quotidien avec trois routiers ivoiriens. Cela se passe globalement très bien. Nous avons maintenant développé une vraie complicité, nous nous entendons très bien et n’arrêtons pas de nous taquiner. Bien entendu, nous travaillons aussi ensemble, pour préparer, animer et évaluer les activités au CAC.

Bien sûr, cela ne va pas sans certaines tensions, qui apparaissent le plus souvent justement lors des sessions de travail : c’est effectivement là que se confrontent les différentes visions de l’organisation et de l’animation. De plus, c’est seulement lors de ces moments que notre entente mutuelle a un réel enjeu, puisque d’elle dépend la qualité des animations. Mais nous arrivons toujours à trouver un consensus et à régler ces tensions calmement, ce qui rend cette confrontation plus enrichissante que gênante. Nous avons par là gagné la conviction que c’est en travaillant que se vivent le mieux les échanges interculturels.

Nous sommes donc confiants pour la suite, d’autant plus que le projet d’animation s’achève bientôt, et que c’est au cours de celui-ci que naissent généralement les désaccords. Les moments de vie quotidienne étant le terrain d’une très bonne entente entre nous six, la suite du séjour promet d’être excellente de ce point de vue. Le seul danger est peut-être que les routiers ne soient pas assez présents pour la suite du séjour : ils ne se privent pas de leur liberté de sortir, ce qui nous a par le passé gênés dans la préparation des animations, et ce week-end, un d’eux n’est pas venu à Dabou. Espérons donc qu’ils restent présents jusqu’au bout, mais nous pouvons compter sur nous-mêmes pour leur dire nos attentes de ce point de vue.

                Quant aux encadrants de ce projet, soit Arsène pour l’ASCCI et Guy pour le MESAD, ils sont toujours au rendez-vous pour répondre à nos sollicitations et veiller au bon déroulement du projet, sans pour autant se montrer intrusifs.

Arsène est venu avec nous à Dabou, ce qui nous a permis de voir que derrière le visage sérieux de l’homme en réunion de travail, se cache quelqu’un de très drôle, avec qui nous avons pu passer de très bons moments ce week-end. Espérons que nous puissions trouver une proximité semblable avec Guy le week-end prochain.

 

                La troisième semaine s’est donc bien passée, et elle est passée à une vitesse folle, encore plus que la deuxième, qui nous avait déjà semblé bien plus courte que la première. Cela est en  partie lié au rythme soutenu que nous avons adopté, avec des couchers tardifs pour préparer les animations du lendemain et écrire chaque soir les scénarios et story-boards de la scène devant être tournée, et des réveils tôt le matin pour nous rendre au CAC. Il nous paraît hallucinant d’avoir maintenant moins de deux semaines à passer dans ce beau pays, et nous comptons en profiter.