Voilà maintenant la deuxième semaine du projet qui s’achève. Vous trouverez ici un bilan couvrant les journées du mardi 21/07 au mardi 28/07 (pour voir le programme jour par jour, rendez-vous sur la rubrique Actualités de notre site).
Animation au CAC
Cette partie du compte-rendu est d’autant plus importante qu’elle n’est pas qu’un bilan de la deuxième semaine d’activités, mais un bilan de mi-projet, les première et quatrième semaines ne comptant que deux journées d’animation chacune.
Il convient d’abord de noter que nous avons effectué une bonne progression par rapport aux difficultés soulevées dans le premier compte-rendu hebdomadaire : premièrement, nous gérons de mieux en mieux le nombre d’enfants, grâce à nos techniques de division des enfants, grâce aux routiers supplémentaires venant nous aider et grâce à notre meilleure expérience du terrain ; ensuite, nous savons de mieux en mieux nous adapter aux enfants à qui nous avons à faire, en tirant les leçons des réussites ou des échecs des animations antérieures. De plus, nous arrivons au fur et à mesure à animer des activités de plus en plus complexes.
Ensuite, il nous faut voir si nous réussissons à faire progresser les enfants dans le sens des objectifs éducatifs que nous avons fixés. Il convient à ce titre de préciser que, vu le très grand nombre d’enfants ainsi que leur irrégularité, l’évaluation de ces objectifs ne peut se faire individuellement, mais seulement en se basant sur la réussite ou non de l’activité selon ses objectifs pédagogiques.
- Concernant deux de nos priorités éducatives, canaliser l’agressivité des enfants et améliorer le respect des règles. Après avoir constaté beaucoup de brutalité et de tricherie de la part des enfants lors des jeux, nous avions décidé de multiplier les jeux de prise en insistant bien au départ sur la prohibition de la violence et sur le respect des règles et en sanctionnant lors du jeu les enfants violant ces règles. Nous avons pu observer au fur et à mesure des séances une nette progression de la part des enfants du point de vue de ces deux priorités.
- Concernant notre troisième et dernière priorité éducative, amener les enfants au respect des adultes. Nous avions en effet observé un manque de respect envers les adultes de la part de certains enfants (cela ne concernant qu’une minorité, il convient de le préciser). Cela se manifeste dans un comportement de défiance vis-à-vis des consignes que nous donnons et dans une indifférence envers nos réprimandes. En effet, il nous est arrivé plusieurs fois de prendre à parti un enfant turbulent pour le gronder, mais de le voir rire à notre nez ou de le voir plus tard refaire la même bêtise ou revenir dans l’activité alors que nous l’en avions exclu. Le problème est que nos possibilités de réaction face à ces comportements sont limitées. En effet, les enfants étant irréguliers, la seule sanction que nous pouvons mettre en œuvre est de les sortir temporairement ou définitivement de l’activité. Une fois cela fait, nous ne pouvons que hausser le ton en cas de récidive ou d’indifférence affichée. Cependant, cela nous arrive de moins en moins souvent. Cela est probablement lié au fait que les enfants s’habituent à nous et nous prennent de plus en plus au sérieux, alors que nous étions au départ en tant que Blancs surtout des objets de curiosité, mais également à notre expérience grandissante avec ces enfants.
- En plus de ces trois priorités éducatives mises en œuvre sur tout le projet, nous nous sommes fixés des objectifs annexes plus spécifiques faisant l’objet de quelques activités tout au plus. Nous avons ainsi travaillé à plusieurs reprises sur l’identité avec les enfants, ayant constaté qu’ils manquaient cruellement de repères, mais aussi sur la mémoire, la vie en communauté, la sensibilisation aux déchets. Nous comptons de plus travailler sur les échanges interculturels dans les prochains jours.
En conclusion, nous pouvons dire que nous sommes sur une bonne voie quant à l’atteinte de nos priorités éducatives et objectifs annexes.
Nous avons déjà rapidement évoqué le problème des listes de présence. Nous devons au début de chaque activité inscrire tous les enfants y participant. Cela prend beaucoup de temps, car tous les enfants ne connaissent pas forcément leur nom, leur âge et leur quartier, que leurs noms ivoiriens sont difficiles à orthographier pour nous et qu’ils sont nombreux. Face à ces difficultés, nous avons essayé de faire ces fiches numériquement afin de ne pas avoir à réinscrire chaque fois les enfants réguliers, mais cela prenait tellement de temps pour peu de gains que nous avons abandonné l’idée.
La directrice du centre nous a fait comprendre qu’elle voulait vraiment ces listes, mais cela nous gêne beaucoup, car cela ronge un gros temps d’activité. Mais après l’échec de la numérisation de ces fiches, il semblerait que nous devions nous y faire.
Enfin, concernant l’atelier court-métrage. Nous avons aujourd’hui tourné la deuxième scène du court-métrage final. Il nous reste donc cinq séances pour filmer les scènes restantes (nous n’avons pas encore arrêté de nombre), ce qui s’annonce court.
Nous nous sommes adaptés aux difficultés et avons comme dit précédemment revu nos attentes : nous nous occupons de l’écriture et du montage, et faisons le tournage avec les enfants. Cela convient mieux aux enfants, et nous n’avons pas l’impression de décevoir nos attentes premières, puisque l’objectif pour nous est avant tout que les jeunes découvrent le monde du cinéma en s’occupant eux-mêmes de la partie technique. Le processus est donc plus important que le produit final, même si nous veillons à ce que nous et les enfants puissions être fiers de ce dernier.
Sortie à Jacqueville
Cette sortie fut donc notre première excursion hors d’Abidjan, et il faut dire que cette coupure était bienvenue. En effet, nous avons pu nous reposer de l’hyperactivité de Yopougon, de ses Gbakas hurleurs, de ses taxis klaxonneurs et de ses véhicules pollueurs.
A notre arrivée (après 7 heures de trajet et de transit), le chef du village nous a accueillis autour d'un Banji (du vin de palme, celui du village en question étant réputé) en nous souhaitant la bienvenue dans la « vraie » Côte d’Ivoire, car d’après lui, « Abidjan, c’est Paris ». Si cette affirmation est bien entendu une exagération, il est vrai qu’Abidjan est occidentalisé, et que cette excursion fut une immersion dans une Côte d’Ivoire rurale, ayant conservé ses coutumes et son mode de vie.
Le village d’Adéssé est en effet reculé : depuis Jacqueville, il nous a fallu rouler une heure et demie sur une piste de terre à bosses et à trous, à 6 passagers dans une vieille voiture prévue pour 4. Là-bas, nous avons dû vivre sans eau courante. Pour aller à la messe le dimanche matin, il nous fallut marcher 4 km puis traverser la lagune en pirogue. Mais un week-end à Adéssé, c’est aussi voir la mer et ses énormes vagues, goûter ses noix de coco fraîches, et déguster du bon poisson frais à tous les repas.
Ce fut donc une bonne semaine, tant du point du vue du projet d’animation au CAC que de celui des sorties avec les routiers. Espérons que cela continue ainsi, mais nous sommes sur une bonne voie.