Animation solidaire à Abidjan
 
 
 

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C’est donc notre séjour qui s’achève avec la fin de cette cinquième semaine. Retrouvez ici un bilan de cette ultime « semaine de découverte ». Consultez les actualités pour un résumé jour par jour.

Un programme bouleversé

                Le programme de cette semaine a été extrêmement perturbé, par deux bouleversements majeurs : l’annulation de la sortie de trois jours à Assinie, et le décalage du Jamborée national de l’ASCCI. Ces expériences promettaient d’être incroyables, notamment le Jamborée, qui aurait été notre premier à tous les trois et nous aurait fait découvrir avec panache le scoutisme ivoirien.

Six journées de notre planning initial ont donc dû être reprogrammées, ce qui ne se fit pas sans mal. Les bouleversements du planning évoqués ont donc provoqué une double déception : celle de ne pas pouvoir vivre ces expériences prometteuses, puis celle résultant des difficultés rencontrées dans les activités programmées en remplacement.

Nous ne nous sommes d’ailleurs pas sentis si attristés que cela par la fin du séjour, peut-être car nous sentons tous les trois qu’il est temps que cela s’achève (non pas que nous ayons souhaité que cela se termine plus vite) : avec la fin des animations au CAC et un planning complètement bouleversé, la cinquième semaine a été victime d’un essoufflement.  

 

                Cette semaine a malgré tout eu son lot de très bonnes expériences, notamment la sortie à Grand Bassam, un haut lieu de l’artisanat africain, où nous avons pu visiter le musée des costumes et de l’habitat et acheter toutes sortes de souvenirs, ainsi que le mini-camp scout de deux jours avec quelques routiers de Yopougon. De plus, nous avons été de nombreuses fois été invités dans des familles, invitations qui ont toujours donné lieu à des temps très conviviaux avec nos hôtes.

Le camp scout

                Dès que nous avons appris que nous ne pourrions pas participer au Jamborée, nous avons souhaité faire un camp scout en remplacement : en effet, il était important pour nous de vivre le scoutisme à l’ivoirienne. Mais cela s’est révélé compliqué à organiser : aucun groupe ne prévoyait de camp aussi peu de temps avant le Jamborée, nous ne pouvions donc pas participer passivement à un camp, mais en organiser un de A à Z. Nous avons laissé les routiers s’atteler à cette tâche (et ils y ont mis tout leur cœur), mais le temps imparti n’a pas permis de faire les procédures dans les règles, ce qui a conduit à de grandes complications avec les responsables régionaux, dont dépend l’autorisation de camper. A cause de cela, nous n’avons pas pu faire un camp de trois jours comme souhaité, nous avons dû changer de lieu à la dernière minute avant que le camp soit finalement annulé par la région, décision outre laquelle nous avons décidé de passer.

Tout cela a donc fortement impacté l’organisation du camp, rendant la première journée très compliquée (le début initialement prévu pour 14h a finalement eu lieu à 18h), mais une fois le camp commencé, tout s’est bien passé : nous avons pu vivre un raid (une course à pied de nuit en chantant), un allumage de feu de camp à l’ivoirienne, des animations endiablées, la messe et le sport de bon matin (6h), etc. Nous avons également pu montrer aux routiers présents quelques chants et jeux français. Nous nous sommes de plus très bien entendus avec les différents routiers, et avons pu vivre un temps de réflexion interculturel sur les échelles de valeurs très intéressant.

Vie avec les partenaires

                Nous avions dit la semaine dernière être optimiste quant à notre entente avec les routiers durant cette dernière semaine, le travail au CAC provoquant habituellement les conflits (bénins) étant passé, mais craindre de ne pas se retrouver à six et de voir nos trois compagnons se disperser. Ces conjectures se sont révélées plutôt exactes. En effet, nous avons fait moins de sorties à six que nous l’aurions souhaité, et nous avons été parfois gênés par l’absence de un ou plusieurs des trois routiers, qui nous empêchait de mener à bien nos projets de sortie. Cela est en partie une conséquence secondaire des bouleversements du planning, car la sortie à Assinie et le Jamborée auraient permis de nous retrouver à six sans qu’aucun ne se disperse.

Notre entente avec les routiers a été effectivement très bonne. Nous avons une nouvelle fois décelé encore plus de complicité au cours de cette dernière semaine. Malheureusement, quelque chose est venu entacher notre relation avec eux cette semaine (même si cela avait commencé un peu avant) : les routiers nous ont chaque jour individuellement demandé si nous pouvions leur faire cadeau de tel ou tel objet. Nous l’avons vécu comme une déception pour deux raisons : premièrement, ces sollicitations avaient commencé au cours de la quatrième semaine, alors que les animations au CAC n’étaient même pas encore terminées, ce qui nous a donné l’impression que les routiers considéraient déjà le projet comme presque achevé. Deuxièmement, nos trois compagnons nous avait plusieurs fois dit pendant le projet que les africains voyaient les Blancs comme une source d’argent, mais qu’eux savaient ne pas faire cette confusion, ce qui s’était avéré exact jusqu’à maintenant. Ces demandes à répétition nous ont donc agacés et ont même quelque peu entaché la confiance que nous avions en eux, ce que nous trouvons très dommage.

                Concernant le MESAD, nous avons eu droit vendredi à la traditionnelle « bye-bye cérémonie » de rigueur à chaque départ de volontaires français. Au cours de celle-ci, chaque personne ayant contribué au projet -donc nous y compris- a été invitée à dire un mot, ce qui a donné lieu à une très belle et émouvante évocation de souvenirs. Après cela, nous avons eu le droit chacun à une chemise ivoirienne, puis nous sommes retrouvés avec nos partenaires autour d’un apéritif (composé d’allocos, de bissap, de jus de gingembre et de passion).

Les deux accompagnateurs du projet, soit Guy pour le MESAD et Arsène pour l’ASCCI, nous ont dit au revoir avec une belle soirée dans un maquis, destinée à manger (et à boire) en bonne compagnie.

Nous avons été accompagnés à l’aéroport par nos trois compagnons ivoiriens et Konan Kouassi, président du MESAD. Après avoir échangé quelques cadeaux et entonné « Ce n’est qu’un au revoir », nous nous sommes quittés pour vivre nos aventures respectives, à savoir camp louveteaux pour nous trois et Jamborée pour eux trois, suivies de la reprise de la routine quotidienne pour nous six… Mais malgré ce retour imminent à la vie normale, nous sentons que nous avons vécu une aventure extraordinaire, dont nous avons incroyablement appris et que nous ne saurions oublier !

Avec la fin de la quatrième semaine, c’est le projet d’animation au CAC qui s’achève. Retrouvez ici un compte-rendu couvrant la période du mardi 04/08 au dimanche 09/08. Pour un résumé au jour le jour, rendez-vous sur la rubrique Actualités de notre site.

Animation au CAC

                C’est à la fin de cette semaine que se sont achevées les animations au CAC. Nous avons fait deux journées d’animation ordinaires, ainsi qu’une journée de sortie de fin de projet au zoo national d’Abidjan avec 87 enfants. Il est donc l’heure de tirer un bilan à chaud de cette dernière semaine et du projet d’animation en général.

                Les deux journées d’activités de cette semaine ont été bouleversées par des imprévus. Premièrement, la pluie du mardi après-midi nous a forcé à l’improvisation d’activités chants dans les salles à la place du tournoi de foot initialement prévu ; ensuite, les inscriptions pour la sortie au zoo ont rendu la matinée de mercredi absolument ingérable, du fait des flux incontrôlables d’enfants et de parents qu’elles généraient ; enfin, notre visite au bureau national d l’ASCCI du mercredi midi nous a retardé et donc empêché de mettre en place le grand jeu prévu en guise de dernière activité au CAC. Cette dernière semaine d’animation ne fut donc pas la meilleure, loin de là. Seule l’activité manuelle du mardi matin a très bien fonctionné. Cela dit, ces échecs ne dépendaient en grande partie pas de nous, nous ne saurions donc avoir trop de regrets par rapport à cette semaine, même s’il est dommage que ces deux dernières journées ne se soient pas mieux déroulées.

En revanche, la sortie au zoo national s’est bien passée. Le départ a cependant été compliqué : il nous fallait sélectionner 80 enfants, alors que plus de 200 viennent régulièrement au Centre. Il nous a donc fallu lutter avec certains parents à l’inscription, puis veiller à la montée dans les bus que seuls les enfants sélectionnés rentrent. Finalement, nous nous sommes retrouvés au zoo avec 87 enfants, nous n’avons donc pas réussi à gérer parfaitement les flux d’enfants.

Mais une fois au zoo, tout s’est bien passé. Les enfants ont pu voir les animaux vivants dans leur pays : lion, hyène, crocodile, hippopotame, civette, antilope, babouin, chimpanzé, boa, python, éléphant de forêt, etc.

Rentrés au CAC, nous avons fait nos adieux aux enfants, qui nous ont bien applaudis et montré la tristesse de nous voir partir avec des petits mots à l’appui.

                De manière générale, nous sommes satisfaits de ce projet d’animation. Nous avons su nous adapter aux difficultés rencontrées au début et mettre en place des activités pédagogiques ayant globalement bien fonctionné du point de vue des objectifs fixés. Ce projet s’est révélé beaucoup plus stimulant et ambitieux que les expériences d’animation que nous avions pu avoir, du fait du profil des enfants et de leur grand nombre. Nous sommes par conséquent d’autant plus satisfaits d’avoir pu mener à bien ce projet, mais nous avons pu y prendre moins de plaisir sur le moment étant donné le stress généré par la gestion des activités.

                 Concernant notre relation avec les enfants, elle s’est considérablement développée au cours du projet, sans que nous ayons toutefois pu atteindre une grande proximité avec les enfants à cause de leur nombre et de leur irrégularité. Le développement de la relation s’est surtout fait dans le sens des enfants vers les animateurs. En effet, nous avons au fur et à mesure de moins en moins entendu « le blanc » au profit de nos prénoms respectifs, et ce même de la part d’enfants dont nous ne connaissions même pas les têtes. De plus, nous nous sommes chaque jour fait accueillir plus chaleureusement.

                L’atelier court-métrage a justement été l’occasion de développer une relation beaucoup plus proche aves la quinzaine d’enfants concernés. Ce projet était encore plus ambitieux et stimulant que les animations ordinaires au CAC, et nous avons d’ailleurs dû au début revoir nos attentes initiales, ce qui ne nous empêche pas d’être très satisfait de l’atelier : en effet, les enfants ont été bien impliqués dans la réalisation et ont pu apprendre beaucoup ; et nous tout comme les enfants sommes satisfaits du rendu final.

Vie avec les routiers

                Notre relation avec les routiers est très bonne. Nous avons encore gagné en complicité, et nous nous connaissons vraiment bien à l’issue de ces quatre semaines de vie commune. Les animations au CAC étant terminées, nous entrons dans une nouvelle phase du projet, à savoir la « semaine de découverte », consistant en des sorties dans les environs destinées à découvrir le pays. Au programme sont prévues une sortie au Grand Bassam, un camp scout de quelques jours ainsi que des excursions dans les marchés pour pouvoir ramener quelques souvenirs. C’est donc pour nous six l’occasion de vivre de moments sympathiques et plus calmes ensemble. De notre point de vue, la fin des activités au CAC et le début de cette semaine de découverte est d’ailleurs bienvenue, car nous avons senti ces derniers jours, soit sur la fin du projet, un essoufflement de la vie d’équipe : nous avons eu du mal à nous retrouver à six le soir pour les réunions de préparation, et de l’impatience se manifestait au cours de celles-ci. Le rythme plus calme et les moindres enjeux de la semaine à venir devraient permettre au séjour de se terminer dans les meilleures conditions et à nous six de passer de très bons moments ensembles.

Voici le troisème compte-rendu hebdomadaire. Pour un résumé de chaque jour, retrouvez les journées du mardi 28/07 au lundi 03/08 dans notre rubrique Actualités.

Animation au CAC

                La fin de la troisième semaine du séjour est donc arrivée, ce qui signifie que le projet d’animation touche à sa fin. En effet, vendredi prochain étant férié (c‘est la fête nationale), il ne reste que deux jours ordinaires d’animation, ainsi que la sortie de fin de projet avec les enfants, plus précisément au zoo d’Abidjan.

Le projet arrivant bientôt à son terme, nous pouvons d’ores et déjà dire que nous sommes satisfaits de la progression qui a sous-tendu ces trois semaines d’activités. En effet, nous avions estimé après les premières journées au CAC que nous pourrions nous considérer satisfaits si nous réussissions à faire en sorte que les activités plaisent aux enfants, soient variées, et puissent se dérouler normalement, bref, si nous réussissions à surmonter les difficultés nouvelles qui s’étaient présentées à nous, évoquées dans le premier compte-rendu hebdomadaire. Il ne fait aucun doute que nous avons largement dépassé ces attentes.

En effet, nous avions déjà dit dans le compte-rendu de la deuxième semaine avoir pallié aux difficultés rencontrées au début, et que nous avions pu définir des objectifs éducatifs et observer une progression des enfants dans ce sens.

  • Par rapport à nos trois priorités éducatives, à savoir canaliser l’agressivité des enfants, améliorer le respect des règles, et amener les enfants au respect des adultes, nous avons constaté cette semaine encore des progrès de la part des enfants. Nous avons de moins en moins besoin de sévir au cours des activités à cause de cas de brutalité ou de tricherie, et nous nous sentons de plus en plus respectés.

Concernant d’ailleurs notre relation avec les enfants, il est indéniable que nous nous rapprochons de plus en plus d’eux. Etant donné leur nombre, mais cela fonctionne cependant presque à sens unique : ils nous sautent dans les bras à notre arrivée, nous entendons de plus en plus nos prénoms en remplacement des habituels « le Blanc ! », mais nous, de notre côté, ne connaissons chacun qu’une trentaine de têtes.

  • Comme évoqué la semaine dernière, nous mettons également en place des animations éducatives le matin répondant à des objectifs pédagogiques plus spécifiques. Nous avons cette semaine travaillé sur la vie en communauté et la résolution des conflits, et avons ouvert les enfants à l’interculturalité : nous leur avons fait illustrer leur vie (maison, quartier, famille, école, etc.) à l’attention de « toubabs » français, et avons fait une activité autour des salutations du monde et de la valise voyageuse que nous avons emmenée. Dedans se trouvaient des objets déposés par nos louveteaux, censés témoigner de leur vie. Nous avons ainsi pu leur montrer comment vivent les enfants français de leur âge. Nous leur avons également demandé d’amener eux aussi des objets représentant leur vie, afin de pouvoir faire la même chose auprès de nos louveteaux à notre retour.

Les activités de cette semaine sont donc autrement plus complexes que par le passé, et cela est un aspect très positif de notre point de vue, car nous n’aurions jamais pu les animer au début du projet. Cela est donc le signe d’une nette progression.

                Enfin, cette semaine fut vraiment celle consacrée au court-métrage. En effet, nous avons chaque jour tourné en entier une scène du film, composé finalement de cinq courtes vidéos, et durant un peu plus de dix minutes.

Nous avions peur de manquer de temps, et sommes donc très satisfaits d’avoir pu tourner une scène par matinée, soit chaque fois en une heure et demie de temps. Cela témoigne là encore d’une progression, le tournage de la première scène, réalisé la semaine précédente, ayant duré trois bonnes heures pour une vidéo plus courte. La progression se situe à la fois du côté des enfants, chaque jour plus efficaces lors du tournage, et de notre côté, qui maîtrisons de mieux en mieux la direction du tournage et l’écriture des scènes. Les objectifs de l’atelier court-métrage peuvent donc être considérés comme  atteints, même si nos exigences vis-à-vis des enfants ont été revisitées : nous avons pris en charge le travail d’écriture et le montage, leur laissant faire le tournage. Les attentes initiales étaient sans aucun doute trop élevées, et nous avons su les adapter dès notre première séance. Le court-métrage est maintenant presque finalisé, et nous sommes déjà satisfaits du résultat, surtout si l’on considère les craintes que nous nourrissions à l’issue des premières séances de l’atelier.

Sortie à Dabou

                Ce week-end, c’est dans la commune de Dabou, dans le village de Kpass, que nous nous sommes rendus. Nous y précédons d’ailleurs de peu le président Ouattara, qui y est venu le lendemain.

Ce fut donc une nouvelle sortie reposante, parce que hors de Yopougon et de son tapage habituel ; nous avons pu marcher plusieurs heures à travers la végétation dense et sur les pistes de terre rouge.

                Au programme était inscrite une messe le dimanche matin. Nous y avons été accueillis par la communauté. Etaient également présents des jeunes choristes en rassemblement à Kpass, qui ont donné de la voix pendant les deux heures de célébration, ce qui fut très impressionnant. Nous n’avions en effet jamais vu une assemblée si nombreuse chanter à ce point en harmonie. Le plus renversant fut sans aucun doute l’Alléluia d’Haendel, chanté inopinément à plusieurs voix.

Nous avons également pu manger nos premières fèves de cacao, fraîchement cueillis dans les plantations du village. Mais n’étant pas séchées, celles-là n’avaient pas du tout, mais alors pas du tout le goût de chocolat (mais plutôt de melon blanc, à vrai dire).

Relation avec les partenaires

                Nous vivons donc depuis trois semaines au quotidien avec trois routiers ivoiriens. Cela se passe globalement très bien. Nous avons maintenant développé une vraie complicité, nous nous entendons très bien et n’arrêtons pas de nous taquiner. Bien entendu, nous travaillons aussi ensemble, pour préparer, animer et évaluer les activités au CAC.

Bien sûr, cela ne va pas sans certaines tensions, qui apparaissent le plus souvent justement lors des sessions de travail : c’est effectivement là que se confrontent les différentes visions de l’organisation et de l’animation. De plus, c’est seulement lors de ces moments que notre entente mutuelle a un réel enjeu, puisque d’elle dépend la qualité des animations. Mais nous arrivons toujours à trouver un consensus et à régler ces tensions calmement, ce qui rend cette confrontation plus enrichissante que gênante. Nous avons par là gagné la conviction que c’est en travaillant que se vivent le mieux les échanges interculturels.

Nous sommes donc confiants pour la suite, d’autant plus que le projet d’animation s’achève bientôt, et que c’est au cours de celui-ci que naissent généralement les désaccords. Les moments de vie quotidienne étant le terrain d’une très bonne entente entre nous six, la suite du séjour promet d’être excellente de ce point de vue. Le seul danger est peut-être que les routiers ne soient pas assez présents pour la suite du séjour : ils ne se privent pas de leur liberté de sortir, ce qui nous a par le passé gênés dans la préparation des animations, et ce week-end, un d’eux n’est pas venu à Dabou. Espérons donc qu’ils restent présents jusqu’au bout, mais nous pouvons compter sur nous-mêmes pour leur dire nos attentes de ce point de vue.

                Quant aux encadrants de ce projet, soit Arsène pour l’ASCCI et Guy pour le MESAD, ils sont toujours au rendez-vous pour répondre à nos sollicitations et veiller au bon déroulement du projet, sans pour autant se montrer intrusifs.

Arsène est venu avec nous à Dabou, ce qui nous a permis de voir que derrière le visage sérieux de l’homme en réunion de travail, se cache quelqu’un de très drôle, avec qui nous avons pu passer de très bons moments ce week-end. Espérons que nous puissions trouver une proximité semblable avec Guy le week-end prochain.

 

                La troisième semaine s’est donc bien passée, et elle est passée à une vitesse folle, encore plus que la deuxième, qui nous avait déjà semblé bien plus courte que la première. Cela est en  partie lié au rythme soutenu que nous avons adopté, avec des couchers tardifs pour préparer les animations du lendemain et écrire chaque soir les scénarios et story-boards de la scène devant être tournée, et des réveils tôt le matin pour nous rendre au CAC. Il nous paraît hallucinant d’avoir maintenant moins de deux semaines à passer dans ce beau pays, et nous comptons en profiter.

                Voilà maintenant la deuxième semaine du projet qui s’achève. Vous trouverez ici un bilan couvrant les journées du mardi 21/07 au mardi 28/07 (pour voir le programme jour par jour, rendez-vous sur la rubrique Actualités de notre site).

Animation au CAC

                Cette partie du compte-rendu est d’autant plus importante qu’elle n’est pas qu’un bilan de la deuxième semaine d’activités, mais un bilan de mi-projet, les première et quatrième semaines ne comptant que deux journées d’animation chacune.

Il convient d’abord de noter que nous avons effectué une bonne progression par rapport aux difficultés soulevées dans le premier compte-rendu hebdomadaire : premièrement, nous gérons de mieux en mieux le nombre d’enfants, grâce à nos techniques de division des enfants, grâce aux routiers supplémentaires venant nous aider et grâce à notre meilleure expérience du terrain ; ensuite, nous savons de mieux en mieux nous adapter aux enfants à qui nous avons à faire, en tirant les leçons des réussites ou des échecs des animations antérieures. De plus, nous arrivons au fur et à mesure à animer des activités de plus en plus complexes.

Ensuite, il nous faut voir si nous réussissons à faire progresser les enfants dans le sens des objectifs éducatifs que nous avons fixés. Il convient à ce titre de préciser que, vu le très grand nombre d’enfants ainsi que leur irrégularité, l’évaluation de ces objectifs ne peut se faire individuellement, mais seulement en se basant sur la réussite ou non de l’activité selon ses objectifs pédagogiques.

  • Concernant deux de nos priorités éducatives, canaliser l’agressivité des enfants et améliorer le respect des règles. Après avoir constaté beaucoup de brutalité et de tricherie de la part des enfants lors des jeux, nous avions décidé de multiplier les jeux de prise en insistant bien au départ sur la prohibition de la violence et sur le respect des règles et en sanctionnant lors du jeu les enfants violant ces règles. Nous avons pu observer au fur et à mesure des séances une nette progression de la part des enfants du point de vue de ces deux priorités.
  • Concernant notre troisième et dernière priorité éducative, amener les enfants au respect des adultes. Nous avions en effet observé un manque de respect envers les adultes de la part de certains enfants (cela ne concernant qu’une minorité, il convient de le préciser). Cela se manifeste dans un comportement de défiance vis-à-vis des consignes que nous donnons et dans une indifférence envers nos réprimandes. En effet, il nous est arrivé plusieurs fois de prendre à parti un enfant turbulent pour le gronder, mais de le voir rire à notre nez ou de le voir plus tard refaire la même bêtise ou revenir dans l’activité alors que nous l’en avions exclu. Le problème est que nos possibilités de réaction face à ces comportements sont limitées. En effet, les enfants étant irréguliers, la seule sanction que nous pouvons mettre en œuvre est de les sortir temporairement ou définitivement de l’activité. Une fois cela fait, nous ne pouvons que hausser le ton en cas de récidive ou d’indifférence affichée. Cependant, cela nous arrive de moins en moins souvent. Cela est probablement lié au fait que les enfants s’habituent à nous et nous prennent de plus en plus au sérieux, alors que nous étions au départ en tant que Blancs surtout des objets de curiosité, mais également à notre expérience grandissante avec ces enfants.
  • En plus de ces trois priorités éducatives mises en œuvre sur tout le projet, nous nous sommes fixés des objectifs annexes plus spécifiques faisant l’objet de quelques activités tout au plus. Nous avons ainsi travaillé à plusieurs reprises sur l’identité avec les enfants, ayant constaté qu’ils manquaient cruellement de repères, mais aussi sur la mémoire, la vie en communauté, la sensibilisation aux déchets. Nous comptons de plus travailler sur les échanges interculturels dans les prochains jours.

En conclusion, nous pouvons dire que nous sommes sur une bonne voie quant à l’atteinte de nos priorités éducatives et objectifs annexes.

                Nous avons déjà rapidement évoqué le problème des listes de présence. Nous devons au début de chaque activité inscrire tous les enfants y participant. Cela prend beaucoup de temps, car tous les enfants ne connaissent pas forcément leur nom, leur âge et leur quartier, que leurs noms ivoiriens sont difficiles à orthographier pour nous et qu’ils sont nombreux. Face à ces difficultés, nous avons essayé de faire ces fiches numériquement afin de ne pas avoir à réinscrire chaque fois les enfants réguliers, mais cela prenait tellement de temps pour peu de gains que nous avons abandonné l’idée.

La directrice du centre nous a fait comprendre qu’elle voulait vraiment ces listes, mais cela nous gêne beaucoup, car cela ronge un gros temps d’activité. Mais après l’échec de la numérisation de ces fiches, il semblerait que nous devions nous y faire.

Enfin, concernant l’atelier court-métrage. Nous avons aujourd’hui tourné la deuxième scène du court-métrage final. Il nous reste donc cinq séances pour filmer les scènes restantes (nous n’avons pas encore arrêté de nombre), ce qui s’annonce court.

Nous nous sommes adaptés aux difficultés et avons comme dit précédemment revu nos attentes : nous nous occupons de l’écriture et du montage, et faisons le tournage avec les enfants. Cela convient mieux aux enfants, et nous n’avons pas l’impression de décevoir nos attentes premières, puisque l’objectif pour nous est avant tout que les jeunes découvrent le monde du cinéma en s’occupant eux-mêmes de la partie technique. Le processus est donc plus important que le produit final, même si nous veillons à ce que nous et les enfants puissions être fiers de ce dernier.

Sortie à Jacqueville

                Cette sortie fut donc notre première excursion hors d’Abidjan, et il faut dire que cette coupure était bienvenue. En effet, nous avons pu nous reposer de l’hyperactivité de Yopougon, de ses Gbakas hurleurs, de ses taxis klaxonneurs et de ses véhicules pollueurs.

A notre arrivée (après 7 heures de trajet et de transit), le chef du village nous a accueillis autour d'un Banji (du vin de palme, celui du village en question étant réputé) en nous souhaitant la bienvenue dans la « vraie » Côte d’Ivoire, car d’après lui, « Abidjan, c’est Paris ». Si cette affirmation est bien entendu une exagération, il est vrai qu’Abidjan est occidentalisé, et que cette excursion fut une immersion dans une Côte d’Ivoire rurale, ayant conservé ses coutumes et son mode de vie.

Le village d’Adéssé est en effet reculé : depuis Jacqueville, il nous a fallu rouler une heure et demie sur une piste de terre à bosses et à trous, à 6 passagers dans une vieille voiture prévue pour 4. Là-bas, nous avons dû vivre sans eau courante. Pour aller à la messe le dimanche matin, il nous fallut marcher 4 km puis traverser la lagune en pirogue. Mais un week-end à Adéssé, c’est aussi voir la mer et ses énormes vagues, goûter ses noix de coco fraîches, et déguster du bon poisson frais à tous les repas.

 

                Ce fut donc une bonne semaine, tant du point du vue du projet d’animation au CAC que de celui des sorties avec les routiers. Espérons que cela continue ainsi, mais nous sommes sur une bonne voie.